Un Niel historique qui pique les yeux

17/09/2013 - Stats étalons
Ils n’ont pas grand-chose voire rien en commun. Pourtant, dimanche, le Japonais Kizuna et l’Irlandais Ruler Of The World ont fini dans la même foulée à l’arrivée de ce qu’on peut considérer comme un véritable vivier de vainqueurs potentiels d’Arc : le Prix Niel.
Kizuna (n°8), le gagnant du Derby Japonais, arrache le Prix Niel à l'alezan Ruler of The World, le lauréat du Derby d'Epsom (photos APRH)
 
Ce parfum des rencontres qui comptent
 
Sur le papier, le Prix Niel avait franchement de la gueule. Pour la toute première fois de l’histoire de Longchamp, un Derby-winner japonais venait fouler la verte prairie parisienne dans son année de 3 ans. Présent également le vainqueur, certes décrié ensuite mais quand même, du Derby d’Epsom bien décidé à redorer son blason après un échec dans le Derby Irlandais. Le lauréat enthousiasmant du Grand Prix de Paris présenté par Mister Fabre, auteur d’une saison 2013 phénoménale avec ses 3 ans, et qui présentait d’ailleurs pas moins de quatre coursiers au départ, revenait quant à lui sur le terrain de ses exploits. Bref du lourd, du très lourd même. Voire historique !
 
 
Les vainqueurs de Derby d'Epsom au départ du Niel (depuis 1990)
 
Année Cheval Place Dans l'Arc
2000 Sinndar 1e 1e
2003 Kris Kin 3e 11e

 

Pour consolider le caractère exceptionnel de la présence de Ruler Of The World on constate que, depuis 1990 (limite de la recherche ci-dessus), seuls deux pur-sang vainqueur du Derby anglais sont venus à Longchamp en septembre préparer l’Arc : l’obscure Kris Kin battu dans le Trial puis archi-battu le jour J et le lumineux Sinndar, qui avait quitté la scène avec 6 victoires en 7 tentatives.

Le frère de Duke of Marmalade contre celui de Sunday Break !
 
Quant à Kizuna, frère de Sunday Break pensionnaire du Haras de Grandcamp qui occupe beaucoup l'actualité actuellement puisque le succès de son cadet vient dans la foulée de la domination de ses produits aux ventes Osarus (lire l'article), il faut imaginer ce qu’a consenti son entourage pour venir défier à 3 ans les meilleurs européens dans l’Arc. Ce sont des millions et des millions de yens promis au fils de Deep Impact (appelé aussi Deppo Impacto) tant il domine sa génération et qui seront laissés aux autres. Ajoutez au risque financier, tous les risques que comportent un tel déplacement et un tel changement d’environnement pour le champion nippon et on ne peut que s’incliner devant une pareille motivation taille sumo de décrocher enfin un 1e Arc pour le pays du Soleil Levant.
 
Rien que le fait de les voir au départ était donc déjà un grand cadeau.
 
 
Kizuna, fils de Deep Impact, vengera-t-il son père dans l'Arc de Triomphe, qui était déjà monté par Yutaka Take, lequel avait alors employé une tactique malheureuse.
 
 
Le duel tant attendu a eu lieu
 
Mais non contents d’orner le programme de la journée des préparatoires, les deux visiteurs ont de surcroît pris les deux 1ères places de la course. Malgré une tactique dont Yutaka Take a le secret, c’est-à-dire sortir dès la fausse ligne droite, ce qui n’est pas sans nous rappeler l’Arc 2006 de Deep Impact qui s’était achevé par une désastreuse désillusion, le sculptural Kizuna parvient à garder l’avantage d’une épaisseur de baguette sur… Ruler Of The World. Elle est pas belle l’histoire ? Bah si, forcément. Surtout que Ruler Of The World a joué de malchance en devant slalomer et ne trouvant sa vitesse maximale que très tard. D’autant que nos amis japonais ont joué les mathématiciens et ont déclaré que leur crack n’était qu’entre 50% (pour les plus extravagants – en l’occurrence un journaliste photographe amateur de 1664 en tribune de presse) et 82 % (véridique ! - selon M. Sasaki en personne, son entraîneur) de ses capacités. Ajoutez à cela le phénomène Yutaka Take qui va forcément se raviser sur le moment opportun (ou pas...) pour demander un effort à son partenaire et vous commencez à vous dire qu’ils vont être drôlement dangereux dans 3 semaines ces deux champions !
 
 
Grâce à l'entourage de Kizuna, le japon remportera-t-il enfin le Prix de l'Arc de Triomphe ?
 
 
Le verre à moitié vide, ou le verre de vin complètement vide...
 
Voilà pour le bon côté des choses. La face positive de l’ « iceniel ». Car d’un point de vue franco-français, on a pris une drôle de déculottée, si bien qu’on en a encore les fesses toutes rouge ! Malgré la coalition Fabresque de quatre chevaux entraînés à Chantilly, point de succès dans ce Niel. Et peut-être point d’espoir. Explications d’un tel pessimisme. Triple Threat et Vancouverite ont totalement sombré. Ocovango est certes bon 3e tout près mais il s’agit d’un résultat en trompe-l’œil quand on sait qu’au top de sa forme, il avait été franchement dominé par Ruler Of The World à Epsom et que celui-ci a donc joué de malchance dimanche. Quant à Flintshire, vainqueur le 13 juillet du GP de Paris en « cheval d’Arc », il a confirmé sa grande incapacité à évoluer dans un terrain souple (il avait même été battu par Silver Trail plus tôt dans la saison). Or, l’Arc se disputant début octobre (oui, c’est un scoop…), on peut légitimement s’inquiéter ! Nos envolées printanières sur les grandes qualités de nos 3 ans français, emmenés notamment donc par les Fabre, en prennent donc un sacré coup dans l’aile. Heureusement, il nous reste encore un espoir, dénommé Intello et inscrit samedi prochain sur la grille de départ du Prix du Prince d’Orange. Mais, rien ne dit qu’il sera présent le 6 octobre… quand on vous dit qu’il fait tout pour nous contrarier, le Sphynx.

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