Grey Risk, étalon pas national mais communautaire!
En effet, Grey Risk ne représente pas un nouvel achat des Haras Nationaux. Non, il est le premier pur-sang du genre à être acheté par un groupement d'éleveurs qui l'a placé en pension à la station d'Aurillac.
Les acheteurs ne sont pas non plus un syndicat d'investisseurs comme on les connaît lors de la ventes en parts de nouveaux étalons.
En l'occurence, il s'agit de 15 éleveurs régionaux qui se sont regroupés pour acquérir un étalon et le placer près de leurs juments. Le Cantal, la Corrèze et le Lot et l'Aveyron se sont ainsi réunis et ont porté leur choix cet hiver sur un fils de Kendor, issu de l'élevage Bader, Grey Risk.
Puissant cheval gris devenu blanc, Grey Risk a ponctué une série de 4 victoires consécutives à 3 ans par le Prix Messidor (Gr.3) sur 1600 m. Il fait partie des 7 fils de Kendor installés sur le territoire. C'est un frère de Swiss Note, vainqueur à Auteuil du Prix Robert Lejeune (Listed). Sa mère Run The Risk est une soeur de Risk Me, vainqueur du 1e Grand Prix de Paris (Gr.1) disputé sur 2000 m.
Un ex-étalon presque privé
Etalon depuis 1998, Grey Risk a toujours fonctionné de façon quasiment privée. Avec des listes de juments oscillant entre 5 et 15 juments chez les Bader au Haras du Ménil Vicomte dans l'Orne, Grey Risk a tout de même donné de bons éléments, dont Grey Glitters, gagnant du Grand Prix de Clairefontaine (Listed) en plat mais aussi du Prix Romantisme à Auteuil. A noter également un autre vainqueur à Auteuil, Swing Bill, gagnant du Prix de la Source, Océan du Cochet, vainqueur du Prix Michel Linarès devant Mercelin sur le steeple-chase de Cagnes, Thousand Stars, placé de Gr.2 en Irlande, et plein d'autres gagnants comme First de Cerisy, Lougry, Moulinar, Vitello,Keymy, Vezinof.
Des gains moyens de 47.000 euros!
Grey Risk affiche un taux de réussite assez étonnant. Au 20 février, en France, il a produit 21 vainqueurs de 63 victoires sur 65 sujets déclarés de 3 ans et plus! Parmi ceux-ci 35 ont couru pour un total de gains de 1,632 million d'euros (primes incluses), ce qui fait un gain moyen de 47.000 euros par cheval ayant couru, et une chance de 60% d'avoir un gagnant lorsque le cheval est sur un hippodrome.
A 16 ans, Grey Risk va changer de régime. Il a déjà 35 réservations et pourrait dépasser les 50 juments. Les nouveaux propriétaires de l'étalon découvre eux-mêmes des voisins éleveurs qui sortent leurs juments de derrière les fagots!
Compte-tenu de l'éloignement du Cantal et départements limitrov des grandes régions d'élevage richement dotées en étalons, les éleveurs locaux, avec des figures comme les Sabatier, Constant, Couderc ou autre Delors, ont décidé de prendre le taureau par les cornes.
La situation économique ruine leurs espoirs de ventes publiques, qui n'étaient déjà guère élevés auparavant. Il s'agit donc de réduire les coûts de production et de fabriquer des chevaux de courses plutôt que de potentiels chevaux de ventes.
Des idées face à la crise
Personne ne voudra d'un fils de Grey Risk aux ventes, mais puisque ces éleveurs n'espèrent plus monter sur le ring, cela ne change rien. Et puisqu'il n'y avait pas moyen d'avoir un étalon convenable dans la région de par un étalonnier privé, alors ce sont les éleveurs qui se sont organisés pour acheter un cheval ensemble et le placer en pension dans une structure adequate, la station des Haras Nationaux dont la situation générale ne permet plus de répondre aux attentes locales en terme d'étalonnage.
C'est une version équine de réaction face à la crise, à l'écroulement du système financier globalisé et l'incapacité de réponse des Etats. La passion est toujours là mais il faut l'entretenir différement, de façon plus locale, moins économique en énergie, en flux financier et en déplacement. C'est en quelque sorte le retour à la culture vivrière !