Bruno Jollivet et la renaissance de la Suisse Allemande à Zurich

01/10/2013 - Découvertes
Si la Suisse hippique a pris sa place dans l'échiquier mondial du PMU avec ses nombreuses courses d'Avenches, ce pays totalement atypique en Europe reste un assemblage de modes de vie bien divers. Zurich renaît ainsi de ses cendres en 2013 avec son Grand Prix du Jockey-Club du 29 septembre et sa 1e course des légendes disputée par Bruno Jollivet, l'éternel "nain cruel".

 

Comment imaginer que les courses s'écroulent dans un pays très riche, passionné de courses depuis ses dizaines d'années et fort bien doté en installations. C'est qu'il arrive discrètement mais inexorablement à Allemagne. Et c'est le même chemin qu'a failli suivre l'hippodrome centennaire de Dielsdorf à Zurich, en Suisse Allemande, tout près de la frontière. Le Suisse a cela d'anglais que les courses y restent une question de club...de jockey-club. L'ancien dirigeant des courses, M. Glore, a fait un tour à l'ombre, ou être plus précis, en prison. Laissé à l'abandon, l'hippodrome proche de Zurich n'a pas eu d'autre choix que de fermer ses portes. Cela n'a heureusement duré qu'un an car un industriel de Bern, Anton Krauliger qui a fait fortune dans la robineterie, a fait l'acquisition de l'hippodrome pour une somme de 4 millions d'euros (investissements à venir compris). Il a déjà reconstruit des écuries d'entrainement.

 

Frédéric Spanu est le 1e jockey d'Anton Krauliger, grand propriétaire qui a racheté et relancé l'hippodrome de Zurich depuis 1 an.

 

Krauliger n'est pas un investisseur comme un autre. Ancien cavalier, gradé colonel de l'armée, c'est l'un des plus grands, sinon le plus important propriétaire du pays. Il vient de connaître une période benie avec le champion local Pont des Arts, qui a réussi l'exploit de remporter 21 courses ! Très populaire non seulement par sa longévité, Pont des Arts s'est aussi rendu célèbre par son physique de géant (1,73 m), son caractère de lion et son eternel fougue de jeune guerrier qui lui a permis notamment de courir 11 fois à 2 ans pour 6 victoires et de durer jusqu'à 9 ans sans jamais souffrir de la moindre mollette au tendon.
 

A 59 ans, Bruno Jollivet a retrouvé les joies de la compétition.

 

Le grand retour de Bruno Jollivet en casaque.


Un jubilee a même été organisé pour qu'il signe ses adieux officiels à la compétition, lui qui a encore gagné 2 courses en 2013 et qui ne court plus depuis la fin août. Pour l'occasion, Anton Krauliger a réuni les 2 jockeys successifs de Pont des Arts en Suisse, Olivier Plaçais puis Frédéric Spanu. Le fils de Kingsalsa qui s'apprête à entamer une nouelle carrière d'étalon au Haras du Lion n'était pas la seule star ayant marqué l'histoire des courses. En effet, pour la 3e, dernière et plus belle réunion de l'année, l'organisation des courses, Greenturf, une "cousine" de WhiteTurf qui préside à la destinée du fameux meeting de St Moritz, avait crée la " course des légendes". Cette épreuve forcément populaire a permis de revoir sous la casaque la star locale Brigitte Renk et aussi l'inoubliable "nain cruel" Bruno Jollivet. Le souvenir de ce dernier hante toujours le vestiaire d'Auteuil, grâce à ses talents de cavalier et son sens tactique qui ont toujours forcé l'admiration d'une pointure comme Christophe Pieux. La quarantaine passée au milieu des années 90, Bruno Jollivet qui avait pris une licence d'entraineur et arrêté de monter en France, a poursuivi sa carrière de jockey en Suisse, en plat comme en obstacle. Il a tout gagné jusqu'à son arrêt définitif, à 48 ans en 2004. Aujourd'hui, à 59 ans, il a revêtit la casaque pour la 1e fois en presque 10 ans. " Mais ça fait comme si c'était hier ! J'avais peur avant coup de ne pas me sentir à l'aise, de faire une erreur dans les boites ou pendant le parcours. Je suis prêt à recommencer au plus vite car j'ai bien cru que j'allais gagner à l'entrée de la ligne droite, mais mon cheval faisait sa rentrée et a manqué de souffle pour finir." C'est finalement le gros outsider Famous Boy qui a gagné, pour la 1e fois de sa carrière à 6 ans (!) grâce à la poigne de Martial Chéné...pour le compte de sa femme qui est entraineur-propriétaire de ce fils de Feliciano, élevé en Suisse. Cela doit être souligné quand on sait que la jumenterie PS en Suisse se limite à un 30e d'éléments !

 

Monté par Steve Drowne, l'outsider Halling River devance Zafarina et Captain Sizu à son intérieur tandis qu'en casaque verte, le favori allemand Salut n'a jamais pu faire illusion pour la victoire dans ce Grand Prix du Jockey-Club.

 

Et le grand retour de Steve Drowne en casaque !


La grande expérience a également prévalu par une nouvelle victoire dans le Grand Prix du Jockey-Club d'un fameux jockey anglais Steve Drowne en selle sur Halling River. Multiple gagnant de Gr.1 Outre-Manche, mais qui a vu sa licence retirée pendant un an des suites d'un soupçon de faiblesse cardiaque, il est revenu courageusement à 43 ans en 2013. " C'est vrai que c'est un peu une surprise, mais c'est un cheval courageux et très sympa, qui appartient à des propriétaires adorables. Je suis très content de gagner pour eux. Et pour moi c'est ma plus grande victoire en Suisse. J'étais déjà venu il y a des années. Après mon arrêt, c'est super de revenir gagner ici. " Fils d'Halling, Halling River (6 ans) avait conclu 3e du Derby Suisse à Frauenfeld. Elevé par Darley, il a débuté directement en Suisse, entrainé par Miro Weiss, l'un des 3 plus gros entraineurs du pays. Il a devancé le 3 ans Zafarina, monté par Ronan Thomas, Captain Sizu (un Gold Away élevé par la famille Jeffroy de la SCEA des Prairies) qui a longtemps mené et le favori allemand Salut, entrainé par Peter Schiergen et monté par son fils Dennis, qui n'a jamais pu faire illusion.
 

Halling River a permis à son jockey Steve Drowne, ancienne vedette en Angleterre mis sur la touche pendant un an, de gagner une grande épreuve peu après son retour.

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