La Californie : Baby Foot, un espoir en orange et gris

11/02/2014 - Chef de race
La première Listed de l’année, le Prix de la Californie, a rendu son verdict ce dimanche à Cagnes. Le prometteur miler de Jean-Claude Seroul et de Frédéric Rossi, Baby Foot, a tout l’avenir devant lui tant il a dominé ses petits camarades sur les 1.600 mètres de la PSF. Il confirme les espoirs mis en lui après une superbe année à 2 ans.

Baby Foot remporte facilement le Prix de la Californie (Listed) à Cagnes / Mer sous la selle de Franck Blondel. (photos APRH)

 

Dauphin d’Ectot à 2 ans

Vainqueur de ses deux premières prestations à 2 ans (Marseille et Vichy), le fils de Footstepsinthesand, était monté à Paris sur l’un des deux hippodromes de la côte normande, à Deauville en l’occurrence, où il termine second du Critérium du Fonds Européen de l’Elevage, à une courte encolure d’un certain Ectot, lequel s’est avéré être par la suite l’un des meilleurs 2 ans de sa génération. Les connaisseurs avaient trouvé cette édition 2013 d’un bon cru ; .ils ne sont pas trompés puisque vient s’ajouter pour former le trio gagnant, Elliptique, qui s’adjugera ensuite le Prix de Condé.

VOIR LE GRAND PEDIGREE DE BABY FOOT

 
Fils d’un miler, petit-fils d’un sprinter
 
Son père n’est autre que le vainqueur des Guinées anglaises 2005, Footstepsinthesand (par Giant’s Causeway et une mère par Rainbow Quest), pour le team de Coolmore. Blessé à un pied sitôt le poteau franchi dans les Guinées, il était entré au haras invaincu après trois sorties. La mère de Baby Foot, Baby Houseman, est une fille du sprinter Oasis Dream, vainqueur à 3 ans (2003) des Nunthorpe St. et de la July Cup (devant Choisir) pour les couleurs de la casaque du Prince Khalid Abdullah.
 
 
Soeur aînée de Baby Foot, Plaza Mayor était un petit dragster...
 
 
Frère de la prometteuse, Plaza Mayor, la dragster du Sud
 
Sa sœur, Plaza Mayor, avait enchanté tous les spectateurs de Borély lors de ses deux premières sorties à 2 ans. Dotée d’une arrière-main puissante et bâtie telle une sprinteuse anglaise, elle est née de Kyllachy qui, sur la piste, s’est imposé, lors de sa dernière sortie (en août 2002), dans les Nunthorpe St. (Gr.1 à York). Un sprint que son père, Pivotal, avait également enlevé en 1996, tous deux défendant les couleurs de Cheveley Park Stud, le premier entraîné par Henry Candy, le second par Mark Prescott. Tous les espoirs étaient permis après ses deux succès et une place dans le Prix de la Vallée d’Auge. Mais la carrière de Plaza Mayor à 3 ans n’a pas totalement répondu aux attentes de son entourage.
 
 
Baby Houseman, une mère anglaise, achetée pleine de Kyllachy.
 
 
Après des débuts encourageants à 3 ans sur 1.400 m. à Goodwood (pour l’entité anglaise, Normandie Stud, Mme Philippa Cooper) où elle domine facilement ses adversaires, la pensionnaire de John Gosden, Baby Houseman, ne pourra ensuite qu’être la dauphine d’une pensionnaire de William Haggas sur 1.600 m. à Newmarket. Non placée ensuite lors d’un handicap disputé à Kempton en octobre suivant, Baby Houseman ne reparaîtra plus en course publique. Direction le haras où la maternité lui est promise après avoir été saillie par Kyllachy. En décembre suivant son propriétaire-éleveur la présente aux ventes d’élevage de Newmarket où Alain Décrion (agent pour Jean-Claude Seroul) fait tomber le marteau à 25.000 Guinées. Naîtra cette fameuse Plaza Mayor. Saillie l’année suivante par Footstepsinthesand, Baby Houseman mettra au monde un poulain pour l’ardéchois de naissance, Jean-Claude Seroul, nommé par la suite Baby Foot. Stationnée au Haras du Cadran (Pierre Talvard), comme toutes les poulinières du marseillais d’adoption, elle a, ensuite, mis au monde, une pouliche du même père, nommée Gloriana.
 

Quelle belle famille que celle de Photogenic

 

Baby Houseman est le 3e vainqueur de sa mère Photogenic (Midyan), élevée par Meon Valley Stud (on y reviendra) qui avait été achetée yearling à Newmarket pour 54.000 Guinées pour un propriétaire irlandais, Timothy Hyde, un proche de Coolmore, qui l’a mise en pension chez Aidan O’Brien. Elle s’est imposée à 2 reprises à 2 ans à Leopardstown dont les Debutante St. (Listed à l’époque). Troisième des Flame of Tara St. (L.), elle avait été devancée par un fils de Sadler’s Wells, King of Kings (vainqueur l’année suivante des 2000 Guinées anglaises). La mère de Photogenic, Colorsnap, n’a pas couru. Elle a donné naissance en 2002 à Mona Lisa, qui fait le top-price des Tattersalls Houghton Yearlings Sales en étant achetée 1.250.000 Guinées par le team Coolmore. Elle justifie ensuite son prix en terminant à 3 reprises sur le podium de Gr.1 : seconde du Prix de l’Opéra, elle formait avec Kinnaird et Alexander Goldrun un trio venu d’outre-manche. En outre, elle termine 3e des Irish Oaks de l’élève de S.A. Aga Khan, Shawanda et à la même place dans les Coronation St. de Maids Causeway. Mona Lisa donnera naissance à 5 produits de Galileo dont deux pouliches, My Wish, née en 2011 et une non-nommée, née en 2012.
 
 
Reprocolor, photographiée ici en 1994 suitée de l'un de ses rares foals dénué de talent, nommé Pierrre (Sadler's Wells) et resté inédit. Elle mourra à l'âge canonique de 32 ans, en 2008, à Meon Valley Stud en Angleterre.
 
 
Reprocolor ou l’histoire de toute une vie


Née en 1976, la grand-mère de Photogenic, Reprocolor, est décédée en août 2008. La jument des époux Weinfeld (Helena Springfield Ltd) aura été la jument de toute une vie d’éleveur, puisqu’elle est partie sous d’autres cieux à l’âge canonique de 32 ans, soit 5 générations de descendants après avoir mis au monde 18 foals dont le dernier est né en 1999 avant une retraite bien méritée (1988 est la seule année où elle a pu se reposer !). Ses cendres ont été enterrées au pied d’un arbre planté au haras en sa mémoire.
 
Au moment de son décès, Mark Weinfeld (fils d’Egon, un industriel autrichien, propriétaire de Meon Valley Stud, dans le comté d’Hampshire, décédé lui aussi tout récemment en novembre dernier) affirmait détenir 20 juments de sa descendance, soit la moitié de l’effectif des poulinières du haras. Bien qu’étant issue d’un étalon démodé (à tel point que la saillie avait été achetée en bourse pour 200 Guinées) et d’un petit modèle aux « pattes tordues » (dixit la fille de son éleveur), Reprocolor avait été achetée yearling aux ventes de décembre à Newmarket par Richard Galpin pour 25.000 Guinées. Née en 1976 de Jimmy Reppin, elle pouvait se targuer de la récente performance de son oncle, Sandford Lad, vainqueur du Prix de l’Abbaye de Longchamp et des Nunthorpe St. (ex Sprint Championship).
 
A l’entraînement chez Michael Stoute (qui n’avait encore pas été anobli), Reprocolor s’est distinguée sur la piste en remportant deux groupes 3 (Lancashire Oaks et Oaks Trial St.) et en étant la seconde dauphine des Yorkshire Oaks (Gr.1) (il n’y avait que 5 partants) et finissant au pied du podium des Oaks de Scintillate dans un terrain plus que collant.
Elle deviendra donc l’une des juments bases du Haras à l’instar d’une certaine One In A Million, achetée elle aussi aux mêmes ventes et gagnante des 1000 Guinées, deux ans plus tard, pour l’entraînement d’Henry Cecil.
 
Son premier prétendant, Tap On Wood (2000 Guinées) débutait sa nouvelle carrière et les fruits de cette union donnèrent Rappa Tap Tap (née en 1981), gagnante des Blue Seal St. (L.) à Ascot. Toutefois, aussi talentueuse qu’elle est été, ses performances n’ont rien de comparable à celles de ses deux sœurs cadettes : 
  • Bella Colora (Bellypha) s’est imposée dans le Prix de l’Opéra 1985 aux dépens de Silvermine après avoir été devancée par Oh So Sharp (gagnante également des Oaks et du St-Leger pour le Cheikh Mohammed Al Maktoum, elle réalise la triple couronne) et Al Bahathri (excusez-du peu !).
     
  •  Colorspin (High Top) s’adjuge les Irish Oaks 1986 et doit se contenter de la 4e place des Oaks d’Epsom de Midway Lady et de celle des Yorkshire Oaks de Untold et d’une certaine Park Express (mère de New Approach).
 
 
Au haras, des trois premières femelles, c’est Colorspin qui a les meilleurs résultats avec ses rejetons à commencer par Opera House, puis le stayer Kayf Tara (2 fois la Gold Cup et l’Irish St Leger pour Godolphin qui l’avait acquis 210.000 Gns), tous deux étalons (le premier faisant les beaux jours des éleveurs japonais) et Zee Zee Top, gagnante du Prix de l’Opéra et mère ensuite de Izzi Top, gagnante pour l’entraînement de John Gosden, du Prix Jean Romanet, des Pretty Polly St. et terminant seconde du Prix de l’Opéra et 3e des Oaks de Dancing Rain. Colorspin prend sa retraite en 2008 à l’âge de 25 ans après 16 poulinages et de bons et loyaux services. Entre temps, une fille de Barathea est née portant le nom de Spinning The Yarn. Son foal 2001 par Darshaan est vendu 600.000 Gns au team de Coolmore. Necklace, c’est son nom, remportera les Moyglare Stud St. à 2 ans.
 
Quelques années plus tard, Reprocolor donne naissance à Cezanne (un poulain d’Ajdal). Vainqueur à 5 ans des Irish Champion St. pour Godolphin (devançant Grand Lodge), il s’avère être stérile et retourne sur la piste pour une carrière en obstacles. Le croisement avec le sang de Northern Dancer ayant donné quelques bons résultats, Reprocolor est présentée à Sadler’s Wells en 1992 (qui avait déjà une certaine notoriété). Présenté aux ventes de Newmarket, le yearling nommé Lafitte The Pirate, est acheté par Coolmore pour 270.000 Guinées. Ce sera le seul essai avec le fils de Northern Dancer.
 
Reprocolor étant exempt du sang de Northern Dancer, son éleveur va tenter par trois fois un croisement également outcross de ND avec Warning en espérant la naissance d’une pouliche (plus facile donc à croiser ensuite). Une pouliche a fini par naître qui s’appellera, en toute logique, Repeat Warning. Seulement placée sur la piste, elle donnera Suez. Vendue yearling à Godolphin (480.000 Gns), elle devra se contenter de la seconde place des Cheveley Park St. de Magical Romance. Sa fille, Lyric of Light (Street Cry) est l’une des meilleures pouliches de sa génération en 2011 en étant invaincue après ses succès des May Hill St. et surtout des Fillies’Mile de Newmarket. Elle est évidemment engagée dans les classiques.
 
La famille, présente sur les places de ventes, n’est pas prête de s’éteindre et le poulain de Jean-Claude Seroul, Baby Foot, peut faire partie des stars de la famille, c’est tout le mal qu’on lui souhaite.

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