Grand Steeple-Chase de Paris : Pat et Jacky au Club Mickey !
Les statistique ne plaident bien sûr pas pour lui, car les gagnants du Président du la République tentent presque tous leur chance dans le Grand Steeple-Chase de Paris, sans jamais réussir. Mais attention, cet animal n'est pas ordinaire, non seulement il avait gagné auparavant le Prix Montgomery 2011 (entamant alors un rare doublé des 2 plus gros handicaps), et surtout il n'a commencé sa marche en avant qu'il y a un an tout juste, lorsqu'il gagnait le jour du Grand Steeple-Chase de Paris le Prix Maréchal Foch chez les amateurs.
Tout la famille au grand complet autour de Quart Monde après son succcès dans le Prix du Président de la République. (PHOTOS APRH)
Franchement, l'histoire de Quart Monde ne pouvait-elle pas être autre que rocambolesque, tant il est entouré de "gueules" de caractères...Son éleveur Jacques Cyprès est un personnage inratable dans une assemblée. Il a de la voix et du coeur, un peu comme son entraineur et ami François Nicolle. Le 1e habite dans la Nièvre, le 2e à côté de la Palmyre, à plus de 5 heures de route, mais les deux hommes se connaissent depuis plus de 30 ans par leurs pères interposés. En effet, le père de François Nicolle, Pierre Nicolle en plus d'être entraineur de chevaux de courses, avait des vaches. Il a eu l'occasion de venir à Cercy la Tour pour acheter des bovins charollais à Bernard Cyprès, le père de Jacques. Et tout naturellement, Bernard a envoyé des chevaux à Pierre. Et les deux fils âgés d'une vingtaine d'années ont sympatisé.
François Nicolle, une "gueule".
Rapidement, lorsque François a cessé sa carrière de jockey pour devenir entraineur, il a reçu Kerguelen, une des ses 1e pensionnaires, venant de chez Jacques Cyprès, éleveur tout fraichement installé. Ensuite, l'homme de la Nièvre allait connaître la gloire suprême avec les 2 frères The Fellow et Al Capone II, tous deux vainqueurs du Grand Steeple-Chase de Paris, mais entrainés à Paris respectivement par François Doumen et Bernard Sécly. Ses chevaux avaient été vendus jeunes, comme cela se faisait systématiquement pour les mâles à l'époque, tandis que les femelles étaient conservées, de gré ou de force, et exploitées comme on pouvait. Les temps ont changé, et Quart Monde, né alezan, est resté sur les bras de Jacques Cyprès. Les alezans, que détestent les anglais, et que ne supporte pas Audouin Maggiar, acheteur régulier de l'élevage Cyprès, sont beaucoup moins faciles à vendre que les bais...L'animal part donc que François Nicolle.
Les relations des deux amis de 30 ans, sont parfois enlevées, mais finalement solides. Et même si au cours de certaines discussions le téléphone ne serait sans doute pas nécessaire pour s'entendre même à 500 kms d'écart, la confiance demeure intacte. Et en 2012, François Nicolle, qui a embauché Benoît Gicquel depuis quelques mois, marche sur l'eau. Il est 7e entraineur de France en terme de gains et ses stats sont exceptionnelles : au 17/05/2012 : 31 victoires et 68 places pour seulement 54 chevaux différents...
Quart Monde est né pour être bon, puisque c'est un petit-neveu des deux cracks The Fellow et Al Capone II. Jacques a décidé de ne jamais vendre aucune pouliche de cette souche. Et c'est finalement prudent car les femelles dans cette famille naissent peu et meurent souvent ! Ainsi la mère de Quart Monde, In Extremis, a eu seulement 4 produits avant de mourir de coliques. Ils ont tous été bons : les deux mâles Quart Monde et Rock In, ainsi que les deux femelles Oakham et Panique Pas. Oakham a été retrouvée morte au pré...Panique Pas est la seule rescapée et objet de toutes les attentions !
Fils de Network, cheval noir qui fait tout de même des alezans, Quart Monde est tardif mais démarre pas mal sa carrière avec deux succès en steeple à Nantes et Enghien à 5 et 6 ans. François Nicolle lui voit un bel avenir en cross en le présente directement en mai 2010 dans l'Anjou Loire Challenge au Lion d'Angers sur 7300 m. Surpris à l'entrée du gué, il fait un écart qui jette à l'eau son jockey Jonathan Plouganou. Cette chute insignifiante sera en fait le début d'une année de purgatoire, dont le pire épisode arrive ensuite fin août dans le Grand Steeple-Chase de Waregem en Belgique.
Toute l'histoire de Quart Monde a commencé au milieu des bovins charollais.
Et c'est pourtant le jour où il frôle la mort que son destin prend un nouveau tour. Jacques et Andrée Cyprès adorent les courses et ne craignent pas les voyages. Leur plus jeune fils Arthur doit participer à un tirage au sort pour intégrer une école de kiné à Bruxelles. Comme pile poil le jour de la course, il est décidé d'embarquer dans la Peugeot et de monter en Belgique pour faire d'une pierre deux coups, et voici enfin une occasion d'aller voir ce bon vieux Patrick Vandermortelle, qui est dentiste à Valenciennes, puisque c'est sur la route ! Patrick et Jacques se croisent tous les étés à Saint-Jean de Monts sur le côte vendéenne. Leurs parents y avaient acheté chacun un appartement il y a plus de 50 ans. Quand Patrick et Jacques se sont croisés avec leurs propres enfants à l'entrée du club mickey, il se sont reconnus et se sont dit qu'un certain temps avait passé depuis qu'eux-mêmes jouaient au même endroit à faire des châteaux de sable...
Andrée et Jacques Cyprès avec Edouard Monfort lors de la 1e fois victoire de la nouvelle vie de Quart Monde, dans le Prix Maréchal Foch 2011.
Et grande suprise, devant le café, à la question " qu'est-ce que tu deviens ?", les deux hommes se découvrent une passion commune pour les chevaux, car Patrick Vandermootele, homme du nord, a quelques trotteurs, mais il aimerait bien un jour avoir un galopeur. Le soir des courses de Waregem, il est bien désolé d'apprendre que le cheval est en mille morceaux. Il prend des nouvelles régulières de Quart Monde qui se remet miraculeusement. Puis un jour, il dit qu'il serait prêt à se lancer dans l'aventure si Quart Monde redevient capable de courir. Après deux nouvelles gamelles en cross, Quart Monde change de cap et gagne à Auteuil sous ses nouvelles, un an jour pour jour avant sa 1e tentative dans le Grand Steeple-Chase de Paris. Quelle vie...