Prix de la Seine : la gent féminine rohautienne

« Spécialiste » des pouliches, le vichyssois de naissance n’a pas attendu très longtemps après l’obtention de sa licence pour remporter une première victoire féminine. Le 4 mai 1985, Yocara s’impose à Pau pour les couleurs de Gilles Chaignon et le 12 novembre suivant, son premier partant « parisien » est une partante : Corolle, élevée par son père, est montée par Cash Asmussen à Maisons-Laffitte.

Le 7 mai 1986, premier succès parisien avec une certaine Balbonella dans le Prix Royal Hampton à Evry, et de quelle manière, six longueurs la séparent de sa dauphine. Cette victoire est suivie d’une confirmation à Maisons-Laffitte dans le Prix Soya (futur Prix Zeddaan, fusion du Prix Pharel et Soya) devant Whakilyric (future mère d’Hernando et Johann Quatz) et Snadraca.

Bassamba (n°7), portée par François-Xavier Bertras, arrache la victoire de haute lutte dans le Prix de la Seine (Listed). Elle descend de la fameuse souche de Balbonella. (PHOTOS APRH)

La liste des pouliches est longue

En juillet, toujours sur les bords de Seine, il épingle sa première course principale à son palmarès et pas n’importe quelle épreuve. En effet, cette même Balbonella s’impose dans le Prix Robert Papin (Gr.1 encore à l’époque). Pour l’occasion, il selle son premier partant dans un groupe et fait mouche. Elle portait pour l’occasion les couleurs de Maktoum Al Maktoum qui l’avait acheté après son succès du Prix Soya. Elle deviendra la mère entres autres d’Anabaa, d’Always Loyal (Poule d’Essai), de Country Belle (3ème du Prix de la Grotte et future mère de Country Reel, le géniteur de Baïne, 2e de la Poule d’Essai 2010, une édition si mouvementée !).

Balbonella remporte le Prix Robert Papin, avant de devenir la mère d'Anaba.

Quatre ans après, l’entraîneur palois selle son second vainqueur de Gr.1. Il ne s’agit plus d’une femelle mais d’un mâle, pas en plat mais en obstacles et à Auteuil. El Triunfo monte à Paris pour remporter les Prix Maurice Gillois, le Grand Prix d’Automne et le Grand Steeple-Chase de Paris (un peu plus tard, Arenice sera également l’un de ses pensionnaires). Parenthèses refermées, il s’agit aujourd’hui de nous remémorer les « exploits » des Rohautiennes.
Après Balbonella donc, certaines se contenteront de très honorables performances dans le Sud-Ouest. Brinosa à l’arrivée du Derby du Languedoc pour Mme Francis Montauban, Azelna, Meadowlark (Prix Caravelle pour Javier Gispert), Ever In Love (gagnante de la même Listed que Lucayan, le Prix Aymeri de Mauléon pour l’Ecurie Biraben).
Notes : Ever In Love est, depuis, mère de Kelty In Love (Prix des Rêves d’Or 2009, 3e Prix d’Arenberg Gr.3).

François Rohaut, l'homme des femelles.

En 1999, Lady Vettori (fille de Vettori) mettra l’écurie paloise définitivement sur orbite. Sur la piste, elle s’adjuge le Prix du Calvados, fin août à Deauville mais devra ensuite se contenter du second accessit du Prix Marcel Boussac. Au haras, elle deviendra la mère de Bal de la Rose (Prix André Baboin Gr.3 à l’entraînement chez F. Rohaut), de Lope de Vega (doublé Poule d’Essai-Prix du Jockey-Club pour la Gestüt Ammerland) et de Flower Bowl (mère de Petite Noblesse).
Par la suite, François Rohaut continuera d'obtenir ses meilleurs résultats avec ses chères pouliches :

• Baldwina (Pistolet Bleu), issue de l'élevage familial et de la souche de Balbonella, a remporté le Prix Pénélope (Gr.3) en 2001 pour Bernard Cazenave.
   
• Turtle Bow (Turtle Island) a gagné les Prix d'Astarté (Gr.2 à l'époque) et Cléopâtre (Gr.3) en 2002, puis s'est classée 2e du Flower Bowl S. (Gr.1 à Belmont), 3e (sur la piste) du Prix de Diane de Bright Sky. C'est la sœur aînée de Turtle Bowl, pensionnaire du palois, vainqueur du Prix Jean Prat (Gr.1). Etalon au Haras de la Reboursière et du Montaigu, il vient de récolter 2 vainqueurs de Gr.1, French Fifteen (cette année, 2e des 2000 Guinées) et donc le lauréat de dimanche, Lucayan.
   
• Pearly Shells (Efisio) a décroché la lune dans le Prix Vermeille (Gr.1) en 2002, après ses Prix de Malleret (Gr.2) et de la Nonette (Gr.3). Au haras, elle a donné vie à Pearl Banks (Pivotal), gagnante d’un Gr.3 en Allemagne pour le Haras de Saint-Pair et F. Rohaut.
   
• Baie (Green Tune), toujours issue de la souche familiale, a gagné le Prix Finlande (Listed) et s'est classée seconde des Prix Cléopâtre (Gr.3) et de Psyché (Gr.3).
   
• Whortleberry (Starborough) a remporté le Prix Jean Romanet (Gr.2) et le Premio Lydia Tesio (Gr.2) pour Jacques Bérès. Ses 2 épreuves ont été promues Gr.1 depuis. Exportée au Japon, elle est la fille de la matrone de la Reboursière, Rotina.
   
• Torrestrella (Orpen), élevée par la famille Montauban, a fait tilt dans la Poule d'Essai des Pouliches 2004 (Gr.1) laissant Grey Lilas (mère depuis de Golden Lilac) à ses « basques ». C’est une première victoire classique pour François Rohaut et son équipe.
   
• Toupie (Intikhab) s'est imposée, pour Javier Gispert, dans le Prix d'Arenberg (Gr.3) à 2 ans, puis a conclu 2e de la Poule d'Essai des Pouliches (Gr.1) en 2005 derrière l'intouchable Divine Proportions.
   
• Tie Black (Machiavellian) a gagné, toujours pour Javier Gispert, sur le tapis vert la Poule d'Essai des Pouliches (Gr.1) en 2006, puis se classe 3ème du Prix d’Astarté de Mandesha.
   
• Mrs Lindsay (Theatrical) s’est classée seconde du Prix de Diane de West Wind (H.A. Pantall) avant de faire le doublé, Prix Vermeille (aux dépens de West Wind) - E.P. Taylor S. à Woodbine (Canada) en 2007 pour Mme Bettina Jenney.
   
• Villa Molitor (Muhtathir), élevé par l’Ecurie Maulepaire, a enlevé la Coupe de Marseille (Listed) pour le Docteur Jacques Bérès après s’être classée, au printemps, 3ème du Prix Pénélope (Gr.3) de Célimène et Plumania.
   
• Evading Tempete (Dubai Destination) a remporté le Premio Regina Elena (son 1er classique hors de ses frontières) pour l’association Ahmed Mouknass et Anthony Forde.
   
• Sandbar (Oasis Dream), propriété de son éleveur Lady O’Reilly, a dominé le Prix Cléopatre (Gr.3) avant de terminer 3ème de la championne Sarafina et de Rosanara (deux Aga Khan) dans le Prix de Diane 2010.
   
• Liliside et Lily America sont propres sœurs par American Post. La première, après avoir gagné le Prix La Camargo (Listed), a gagné, sur la piste, la Poule d’Essai des Pouliches 2010. La seconde, gagnante du Prix La Camargo également, n’aurait pas été loin de l’imiter cette année. Un abcès de dernière minute l’en a empêché (ce n’est que partie remise). Toutes deux sont la propriété des deux amis Mouknass-Forde.
   
• Ma Préférence (American Post), Sandy’s Charm (Footstepsinthesand) et Trois Lunes (Manduro) ont apporté à FR, trois Gr.3 supplémentaires, le Prix Fille de l’Air 2010 (pour Patrick Chédeville), le Prix de Lieurey 2011 (pour Mme M. Bryant) et le Prix Vanteaux 2012 (pour le Haras de Saint-Pair).

Torrestrella (casaque jaune et viollette) s'impose dans la Poule d'Essai des Pouliches 2004, devant la grise Grey Lilas, future mère de Golden Lilac.
 

Bassamba et Baïne, une souche Strassburger-Rohaut.

Bassamba (American Post) s’est donc imposée dimanche dans le Prix de la Seine (Listed) du plus court des nez après s’être inclinée à Toulouse dans le Prix Caravelle (L.) 15 jours plus tôt face à l’invaincue marseillaise, La Peinture (Muhtathir). Baïne, sa sœur par Country Reel, avait remporté le Prix Finlande 2010 avant d’hériter de la seconde place de la Poule d’Essai de Liliside (rétrogradée au profit de Special Duty).

Baïne nous gratifie d’un pedigree pas commun. Il est digne des croisements « à la Marcel Boussac ». En effet, Baïne (bien connue sur le littoral aquitain), a pour père Country Reel, un petit-fils de la paloise Balbonella et pour mère Benzolina, une nièce de Balbonella. En outre, sachant que Country Reel est issu de Danzig et que Balbonella a produit, par Danzig également, un certain Anabaa, voilà une pouliche qui a trouvé dans sa litière « de quoi courir vite » !

Baine est né d'inbreeding plus que serré...
 

Un bien beau cadeau de mariage


Née au Haras du Berlais (comme tous les élèves de famille), elle est issue d’une remarquable famille dont l’aïeule, Brescia (née en 1953), a été offerte par la famille Strassburger en cadeau de mariage aux futurs parents de l’entraîneur palois, Monsieur et Madame Maurice Rohaut-Leger.  Placée à deux reprises à 2 ans au Tremblay, elle rentre directement au haras à 3 ans. Bien lui en a pris puisqu’elle mettra au monde 12 foals dont le premier naîtra en 1957. Sept de ses rejetons passeront le « poteau » en vainqueur.

Il n’aura pas fallu attendre très longtemps pour voir son premier « black-type », puisque son troisième produit, Bellagio (par Free Man pour les couleurs de Gonzague Flipo), s’est distingué non seulement à Longchamp et Deauville (3e Prix du Bois à 2 ans gagné par Spy Well, 3e du Prix Kergorlay, 4e du Prix Gladiateur) mais aussi à Auteuil (Grande Course de Haies des 4 ans, futur Prix Alain du Breil) et Milan (Gran Steeple-Chase di Milano).

Toute la famille des "B" est élevé dans le Poitou par Jean-Marc Lucas au Haras du Berlais.

Les années 1963 et 1964 sont celles qui marqueront l’élevage de la famille puisque Brescia donnera naissance à deux pouliches, Bergame et Balbona.

La première, Bergame (Hautain), toujours pour les couleurs de Gonzague Flipo (Verte, croix de St-André blanche, manches rayées blanc et vert, toque blanche) s’adjuge le Prix de Pomone (Gr.3 en 1966) à Deauville et se classe seconde du Prix de Diane (devancée par Fine Pearl) et du Prix de Royallieu (Gr.3) en octobre. Son année de 4 ans ne ressemble aucunement à la précédente et se retire donc au haras pour mettre au monde un poulain du nom de Bermus ((2e du Prix de la Porte de Madrid à Longchamp) et une pouliche, son ainée, nommée Bergamasque.
A 3 ans, elle est victorieuse à deux reprises à Longchamp et Maisons-Laffitte, mais débute l’année par une 4e place dans le Prix de Croissy dont le podium est constitué de Promessa, Barbra et Pram (« excusez du peu ») et devance San San dans le Prix de Bagatelle en mai.

La seconde, Balbona (Soleil Levant), s’impose à 3 ans d’une courte tête en débutant sur les 2.000 m. de la piste de Saint-Cloud. Sa carrière sur la piste se termine par une 3ème place dans le Prix des Tourelles à Deauville devant une certaine Percale. Elle sera distancée pour avoir gêné plusieurs concurrentes.
Au haras, Bangalore (Cadmus), l’une de ses filles, fera briller la branche cadette de la famille avec en tête Baldwina et sa sœur Baie.

 

Pedigree de la famille

Si vous en doutiez, François Rohaut entraîne également des poulains, pour preuve, il alignera au départ du Prix du Jockey-Club le vainqueur du Prix Noailles, Hard Dream (Oasis Dream) pour la même association qui a triomphé dimanche avec un mâle. Son éleveur, l’Ecurie
des Monceaux, s’est joint aux acheteurs et en a gardé finalement un tiers.

Notes :
-Promessa donnera naissance à La Trinité (d’où Regal State, Seven Springs et Spendomania, toutes entraînées par John Fellows et propriété de Robin Scully).

-Barbra fera naître, entre autres, Beaune, pour l’élevage du Quesnay. Placée de la Poule et du Prix Saint-Alary, elle poulinera de Bering.

-Pram n’est autre que la mère de Dunette, gagnante du plus petit des nez du Prix de Diane 1979 aux dépens de Three Troikas. Entraînée par Emmanuel Chevalier du Fau, elle s’adjuge dans la foulée le Grand Prix de Saint-Cloud (encore ouvert aux 3 ans).

-Percale (2e Prix Vermeille), quant à elle, a donné naissance pour le Baron Guy de Rothschild à Paysanne, gagnante du Prix Vermeille (dead-heat avec San San) et 3ème du Prix de Diane de Rescousse.