Duc d'Alburquerque, le Don Quichotte des hippodromes

19/02/2025 - Actualités
Beltrán Alfonso Osorio y Díez de Rivera, 20e Duc d’Alburquerque, a été l’un des personnages les plus hauts en couleur du galop européen de la seconde moitié du XXe siècle. Cet aristocrate espagnol avait notamment participé à sept reprises au Grand National.

 Beltrán Alfonso Osorio y Díez de Rivera, 20e Duc d’Alburquerque


Ce mercredi, Al Almarchal a remporté l’avant-dernière course du programme à Cagnes-sur-Mer, un handicap pour chevaux d’âge. Jusqu’ici, rien de quoi tomber de sa chaise à la lecture de cette information. Il se trouve que ce fils de Ribchester est entraîné par Juan Miguel Osorio Bertrán de Lis, 21e Duc d’Alburquerque. C’est d’ailleurs ce titre de noblesse qui figure dans la colonne propriétaire. L’aristocrate espagnol est installé en Espagne, non loin de l’hippodrome de La Zarzuela. Il y a trois ans, il avait remporté le Prix Saônois (L.) sur la Riviera avec Legionario. Jockey amateur en Espagne dans sa jeunesse, Juan Miguel Osorio Bertrán de Lis a suivi les traces de son père, Beltrán Alfonso Osorio y Díez de Rivera, 20e Duc d’Alburquerque.
 
 
Juan Miguel Osorio Bertrán de Lis (droite), entraîneur et 21e Duc d'Alburquerque ©APRH
 
 
Né en 1918, le Duc, qui descend d’une dynastie espagnole ayant débuté au XVe siècle, monte à poney depuis l’âge de 5 ans. Capitaine de cavalerie et écuyer en chef à l’École militaire d’équitation, il représenta son pays aux Jeux olympiques d’Helsinki en 1952 avec son cheval Huron, et de Rome en 1960 avec Dona dans les épreuves de concours hippique et de concours complet. Cavalier de talent dans toutes les disciplines, le Duc était également gentleman-rider.
 
 
 
 
En 1941, alors que sa famille a fui l’Espagne pour s’installer en France, il remporte sa première course. En 1952, il devient le tout premier Espagnol à se mettre en selle dans la course d’obstacles la plus célèbre du monde, le Grand National. Celui qui rêve de participer à cette épreuve depuis qu’il a vu un reportage à l’âge de 8 ans ne parviendra pas à franchir la ligne d’arrivée. Il fut éjecté de Brown Jack et se réveilla à l’hôpital avec une vertèbre fissurée.
 
 
   Le Duc d'Alburqueque sur les fameux obstacles du Grand National
 
 
Durant les décennies suivantes, celui qui croisait régulièrement le fer à Auteuil avec André Fabre ou Jean-Hugues de Chevigny tenta de nouveau sa chance à Liverpool, toujours sans succès. En 1973, c’est son étrier qui se brisa et, malgré s’être accroché à l’encolure de son cheval, il ne put éviter la chute. Cette année-là marqua la première victoire de Red Rum. En 1974, après s’être fait enlever 16 vis d’une jambe à la suite d’une chute précédente, il termine pour la première fois le parcours, finissant 8e de Red Rum, en selle sur Nereo. Lors d’une de ces éditions, alors qu’il parcourait les quelques mètres qui séparaient le vestiaire du rond, un spectateur lui tendit un verre de gin tonic. Tel un chevalier s’abreuvant d’hydromel avant une bataille, le Duc prit quelques gorgées pour se donner du courage.
 
 
 
 
En 1976, à l’âge de 57 ans, il est au départ pour la 7e fois, en selle sur Nereo à nouveau. Le Duc tomba au 13e fence, cette fois piétiné par les autres chevaux. Résultat : 7 côtes cassées, fracture du poignet, une jambe cassée, une commotion cérébrale qui le laissera dans le coma pendant deux jours. La légende raconte qu’il réservait à l’avance une chambre à l’hôpital de Liverpool !
 
L’année suivante, les commissaires ne lui accorderont pas de nouvelle licence afin de lui éviter le pire. Mais il continuera à monter en Espagne jusqu’en 1985, à 67 ans, avant de devenir président de la Sociedad de Fomento de la Cría Caballar de España, l'équivalent espagnol de France Galop.
 
 

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