PMU : les constats c'est bien, les actions c'est mieux

14/02/2025 - Actualités
Dans un rapport d’une quarantaine de pages, le PMU dresse le portrait sociologique du public des bars PMU. Un rapport qui énonce des constats, certes, mais pour quelles suites ? Le rajeunissement des parieurs, la digitalisation, la gestion des Grands Parieurs Internationaux : voilà un éventail de sujets sur lesquels le PMU devra être efficace dans les prochains mois s’il veut redresser la barre.

 

Cette semaine, l’IFOP a publié avec la Fondation Jean Jaurès et le PMU une enquête sociologique dans la France des PMU. Nommée « Micro-comptoirs », cette enquête d’une quarantaine de pages souligne que les bars PMU sont bien plus que de simples lieux de pari. Ils constituent un refuge social, un lieu de transmission et un espace de micro-solidarité. Très bien. Et après ? Que fait-on de ces constats ? Dans cette étude, les constats sont majoritairement positifs. Peu de problèmes majeurs sont cependant mis en exergue.
 
 
L’avenir du PMU passe par la jeunesse et le digital

À l’heure actuelle, plus de 80 % du chiffre d’affaires du PMU provient des points de vente physiques. Vouloir consolider et fidéliser cette clientèle historique, attachée aux paris hippiques, est une bonne chose, mais il ne faut pas concentrer ses efforts uniquement sur ce segment. À l’ère du digital, où les Français passent en moyenne 4h30 par jour devant les écrans, il est vital de développer la partie en ligne du PMU. L’un des grands enjeux pour le PMU dans les prochaines années sera de rajeunir l’âge moyen des parieurs, qui est aujourd’hui de 45 ans.
 
  
Au-delà du constat positif du lien social créé dans le maillage des bars PMU en France, il est primordial pour l’opérateur de paris d’améliorer son image de marque auprès de la jeunesse. Pour ce public, le « PMU » a une connotation trop négative et ringarde. Jouer au « Tiercé », c’est un truc de vieux. L’âge moyen des joueurs de paris sportifs (30,3 ans) et de casino (31,7 ans) est inférieur de 15 ans à celui des parieurs hippiques. En ne renouvelant pas notre clientèle vieillissante, nous sommes condamnés à mourir, face à la communication ultra-agressive de nos concurrents : les opérateurs de paris sportifs, les casinos et la Française des Jeux.
 

  Les bars PMU n'ont pas une bonne image auprès de la jeunesse

Les Grands Parieurs Internationaux, un poison à long terme

Ces grands joueurs, basés à l’étranger, utilisant des algorithmes et misant des sommes massives, faussent les cotes et réduisent les gains pour les parieurs français. Les GPI gonflent artificiellement les enjeux totaux du PMU (900 millions en 2023) et permettent de présenter des bilans en apparence corrects. Seulement, les GPI sont un fléau à long terme. Là où un parieur français est prélevé à hauteur de 18 % pour un pari simple ou 35 % au Quinté +, un GPI, lui, n’est prélevé qu’à hauteur de 10 %. Pourquoi de telles conditions ? Pour attirer les GPI, qui misent à l’échelle internationale sur divers sports et marchés, le PMU a dû aligner son offre sur les standards de ses principaux concurrents mondiaux. Les parieurs nationaux sont donc les dindons de la farce.

Depuis de nombreuses années, des associations de parieurs alertent sur l’effet néfaste des GPI. Depuis quelques mois, ces GPI ne peuvent plus miser sur le Quinté +, mais le mal est fait. Les enjeux autour du jeu phare du PMU ne cessent de baisser. Il faut retrouver de la confiance. La Suède a décidé de les bannir. Durant quelques saisons, le chiffre d’affaires a baissé, mais il a fini par remonter après que les parieurs locaux aient retrouvé des gains plus attractifs.
 
  Les parieurs français son lésés par les GPI

Le PMU n’a plus le droit à l’erreur

Les dirigeants du PMU, contrairement aux figures de proue de France Galop ou du Trot, ne sont pas des parties prenantes de l’écosystème. Les deux présidents des sociétés mères, Guillaume de Saint-Seine et Jean-Pierre Barjon, sont tous deux propriétaires-éleveurs, le directeur général de France Galop, Elie Henneau, a été gentleman-rider, etc. Au PMU, la majorité des dirigeants qui se sont succédés étaient néophytes dans les courses. Ainsi, leur poste (et leurs émoluments XXL) n’était ni plus ni moins qu’une ligne prestigieuse sur leur CV. Que leurs résultats soient bons ou mauvais, cela ne les importait guère. Ils sont parvenus à obtenir des postes prestigieux dans d’autres grandes entreprises. La filière et les acteurs qui la composent, eux, sont ceux qui payent les conséquences de leurs actes.
 
 
Ne doutons pas du bon vouloir d’Emmanuel Malecaz-Doublet et de ses équipes, mais il va falloir viser juste. Les prochaines grandes lignes directrices et actions concrètes établies par le PMU auront un impact majeur sur la survie de milliers de socioprofessionnels. Pendant des décennies, le bateau avançait tout seul et l’argent tombait du ciel par milliards. Endormis sur leurs lauriers, les dirigeants successifs du PMU n’ont pas su maintenir la dynamique positive. Comme dirait Jean-Paul Gallorini : « Nous avons commencé au Château de Versailles et nous allons finir dans une chambre de bonne. » Espérons que cet aphorisme ne se réalise pas…
 
 
Emmanuel Malecaz-Doublet, Directrice Générale du PMU

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