Manuel Martinez, la persévérance récompensée par un 1er Groupe au galop

01/11/2023 - Actualités
Connu pour être l’un des meilleurs chefs cuisiniers du pays, Manuel Martinez possède des chevaux de course depuis plus de 40 ans. Après plusieurs succès de Groupe au trot, ce grand passionné s’est imposé pour la 1ère fois à ce niveau au galop grâce à La Spezia, qui a gagné le Prix Magne (Gr.3) à Auteuil. Par Alice Baudrelle. 
Manuel Martinez © APRH
 
 
Le 20 octobre 2023 restera comme une journée à marquer d'une pierre blanche pour Manuel Martinez, qui a remporté sa 1ère course de Groupe au galop avec La Spezia (Cokoriko). Une double satisfaction puisque le gérant du Relais Louis XIII, un restaurant gastronomique à Paris, est à la fois l’éleveur et le propriétaire de cette pensionnaire de Jérôme Delaunay. Manuel Martinez nous a expliqué : « J’ai rencontré Jérôme Delaunay par le biais de Jean-Philippe Monclin, qui entraîne mes trotteurs près d’Angers. Nous avons sympathisé et je lui ai confié Bon Conseil (Balko), qui a gagné à Auteuil avant de conclure 3e du Prix Duc d’Anjou (Gr.3). Il a eu un petit souci de santé mais j’ai encore 2 chevaux à l’entraînement chez Jérôme Delaunay, La Spezia et Kitko (Motivator). » Manuel Martinez a aussi 2 chevaux chez Joël Boisnard dont un cousin de La Spezia nommé Brooks (Masterstroke), vainqueur la semaine dernière sur les haies d’Angers.
 
La Spezia lui a offert une 1ère victoire au niveau Groupe dans la discipline du galop à Auteuil, sous la selle de Christopher Riou © APRH
 
 
Passionné depuis toujours, Manuel Martinez n’est pas issu du sérail. Il a pris goût aux courses en accompagnant son père sur les hippodromes, et a acquis son 1er cheval à la fin des années 70 : « C’était un trotteur acheté aux ventes qui n’était pas bon du tout, mais cela ne m’a pas découragé ! Par la suite, j’ai eu des très bons trotteurs comme Ugolina (Jiosco), Garibaldi (Love You) ou encore Hope On Victory (Booster Winner), qui ont tous les 3 gagné au niveau Groupe à Vincennes. Le meilleur d’entre eux, Garibaldi, a même fini 3e du Saint-Léger des Trotteurs (Gr.1). » C’est grâce à son ami Jean Lesbordes que Manuel Martinez a mis un pied dans le galop : « J’ai eu des chevaux chez lui à l’époque où il entraînait Urban Sea (Miswaki). Je venais souvent à l’écurie et je voyais à chaque fois cette petite jument alezane, qui n’était pas très belle. Cinq mois avant l’Arc, Jean m’a dit qu’elle allait gagner … et il avait raison ! Urban Sea m’a beaucoup marqué, et son exemple m’a incité à investir davantage. »
 
Garibaldi et Jean-Philippe Monclin lors de leur victoire dans le Prix de Ribérac (Gr.3) à Vincennes, le 12 janvier 2020 © APRH
 
 
Pour l’anecdote, Jean Lesbordes a gagné en tant qu’entraîneur au trot en 1998 avec une représentante de Manuel Martinez, Fine Émeraude (Jiosco) : « La jument était chez Jean-Claude Hallais à la base, et elle se mettait très souvent à la faute. Je l’ai envoyée à Chantilly chez Jean afin qu’il la fasse sauter un peu, histoire de lui changer les idées … Et au bout d’un mois, il m’a annoncé qu’il voulait l’entraîner lui-même ! Je lui ai acheté le matériel nécessaire et il a obtenu sa licence au trot. Jean a réussi à faire gagner Fine Émeraude à Caen sous la selle de Florence Lecellier, qui est malheureusement décédée il y a 2 ans. Cette victoire est un souvenir inoubliable, d’autant que Jean avait perdu son fils Clément l’année précédente … J’étais très content de pouvoir partager un moment de bonheur avec lui dans une période aussi terrible. ».
 
Montée par la regrettée Florence Lecellier, Fine Émeraude s’est imposée au trot sous l’entraînement de Jean Lesbordes
 
 
Manuel Martinez a eu un bon cheval d’obstacle chez Jean Lesbordes, Valdempierre (Vision), qui a notamment conclu 2e du Prix Jacques d’Indy (Gr.3). Ce dernier s’est blessé, et le chef cuisinier ne voulait plus investir dans les sauteurs … Mais un concours de circonstances en a décidé autrement : « Quelques années plus tard, Rémi Cottin est venu manger dans mon restaurant avec Xavier Kepa. Après discussion, je leur ai dit qu’on pouvait acheter un cheval d’obstacle ensemble si une occasion intéressante se présentait. Dix jours après, j’ai vu une pouliche gagner de manière impressionnante un réclamer à Compiègne, et nous l’avons achetée … C’était Royale Flag (Nickname) ! J’ai ensuite appelé son ancien entraîneur pour me renseigner sur elle : il m’a dit qu’elle était cornarde et qu’elle avait un chip dans le boulet. J’ai dit à François-Marie Cottin de la recourir à réclamer, et elle a été achetée par Gérard Augustin-Normand … Puis elle a gagné le Prix Maurice Gillois (Gr.1). Ce sont des choses qui arrivent mais depuis, je ne me renseigne plus sur les chevaux qui me plaisent ! ».
 
Manuel Martinez au côté de Royale Flag, qui a gagné pour lui à Auteuil avant de changer de casaque © APRH
 
 
Manuel Martinez a 6 poulinières au galop qui sont stationnées en Normandie, 5 au haras du Hoguenet et une au haras de la Gravelle. La mère de La Spezia, La Islaminima (Gentlewave), est chez Anthony Baudouin : « Je l’avais achetée yearling à Rémi Cottin, et elle a gagné à 3 ans sur les haies de Compiègne. Je l’ai fait saillir pour la 1ère fois par Cokoriko (Robin des Champs), un cheval bien né et améliorateur, et ce croisement a donné La Spezia. De manière générale, j’essaye de choisir des étalons qui ont montré à la fois de la vitesse et du fond pour mes juments d’obstacle. J’ai utilisé Doctor Dino (Muhtathir) à plusieurs reprises, mais je n’ai pas été très chanceux. J’ai aussi utilisé Motivator (Montjeu), Ectot (Hurricane Run) ou encore Cloth Of Stars (Sea The Stars), qui est un descendant d’Urban Sea … Mais comme je le dis souvent, celui qui connaît la vérité n’est pas né ! ».
 
La Islaminima a donné une gagnante de Groupe dès sa 1ère année au haras … On a hâte de voir le reste de sa production ! © APRH 

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