Prix d'Harcourt : Simca Mille redémarre et offre son 1er Groupe à Alexis Pouchin

Alexis Pouchin, tout à sa joie de remporter sa 1e course de Groupe. (photos APRH)

Fils d'un garçon de voyage chez André Fabre, Alexis Pouchin est un jockey de talent qui travaille chez le patron du plat français depuis près de 40 ans. C'est pourtant pour Stéphane Wattel, entraineur deauvillais plus fort que jamais à 56 ans, que le jeune cavalier remporte sa 1ère course de Groupe lors du 1er dimanche de Longchamp en 2023, en selle sur Simca Mille. Ce poulain de 4 ans porte le nom d'une petite voiture légendaire pour la jeunesse des années 60 et 70, un véhicule économique conçue pour répondre à une crise économique aujourd'hui oubliée mais qui avait profondément marqué le monde suite à la nationalisation par Nasser du Canal de Suez en 1956. Bien des années plus tard, en 1996, un jeune duo d'humoristes de Toulouse, considéré à l'époque comme des plouks par l'intelligentia parisienne, sort une chanson qui deviendra un sketch culte : " je te prendrai nue dans la Simca 1000". Totalement parodique et délirante, cette chanson est aujourd'hui connue de tous et représente parfaitement cet humour français en dessous de la ceinture que le monde entier nous envie.

Et c'est ainsi qu'un grand éleveur allemand installé en France où il a crée le Haras de la Perelle, Jürgen Winter, qu'on imagine pourtant pas a priori en train d'entonner cette chanson paillarde sous une halle enflammée du sud(e)-ouest(e), a choisi Simca Mille pour nommer son foal né en 2019, premier produit de sa nouvelle poulinière Swertia par Tamayuz. Ou alors Jürgen Winter a eu comme 1ee véhicule une Simca 1000. Une première voiture, ça marque un homme. Comme une 1ère relation... d'autant plus si elle s'accomplit dans la voiture en question. Après avoir démarré par une 8e place dans un maiden très bien composé, Simca Mille est reparti de la base, passant par un succès dans un handicap en avril 2022 à Chantilly, puis a enchainé les progrès spectaculaire. Après une victoire de Classe 2 à Angers, il remporte ainsi le Prix du Lys (Gr.3) à Chantilly, termine 2e du Grand Prix de Paris (Gr.1) à une encolure seulement d'Onesto et s'impose dans le Qatar Prix Niel (Gr.2). Mais sa tentative osée dans la Japan Cup (Gr.1) à Tokyo en novembre s'est soldée par un échec. Il n'y a pas de honte à perdre là-bas, surtout face à ses aînés. La preuve, la seule victoire française remonte à Le Glorieux pour Robert Collet en 1987 et pas un étranger ne s'y est imposé depuis l'anglais Alkaased en 2005, mais il peut être très compliqué pour un poulain de 3 ans de se remettre d'une telle aventure ayant tourné à la mésaventure.

Simca Mille, alezan comme son père Tamayuz et son grand-père Pivotal.

Né du croisement de Tamayuz avec une père par Pivotal, deux vecteurs de robustesse et de combativité, Simca Mille a fait fi de toutes les craintes et est revenu directement par un succès pour sa rentrée dans le Prix d'Harcourt (Gr.2), une épreuve particulièrement bien composée cette année où il devance dans cet ordre Irésine (Royal Oak, Gr.1), Kertez, Al Hakeem (4e de l'Arc de Triomphe, Gr.1), Haya Zark (Prix Exbury, Gr.3) et l'allemand Alter Adler.

Jurgen Winter avec Simca Mille

La réussite de Simca Mille récompense la persévérance de Jürgen Winter. Ce dernier avait acquis en 2008 sa grand-mère Sanjida, une fille de Polish Precedent issue de l’élevage Aga Khan. Sanjida avait réalisé un excellent début de carrière chez Alain de Royer Dupré pour le compte de la casaque verte épaulettes rouges, montant à plusieurs reprises sur le podium au niveau Listed et Groupe, sans pour autant s’imposer. Elle deviendra par la suite la leader de Zarkava dans le légendaire Arc de 2008. Après cette course, Sanjida est acquise à l’amiable par le Haras de la Perelle, et ira chez André Fabre pour trois courses, dont deux 2e places de Listed. Avec cet achat, le haras normand venait de réaliser un coup de maître puisque 3 ans plus tard sa sœur allait faire grand bruit, son nom : Sarafina. Cette fille de Refuse to Bend va remporter 3 Grs. 1 dont le Prix de Diane. Cependant, Sanjida se révèlera décevante au Haras, produisant des vainqueurs mais aucun black type, avant d’être vendue 320 000€ à Eliza Park, pour qui elle ne donnera pas non plus des miracles. Cependant, la Perelle va conserver à l’élevage une de ses filles Swertia, une triple gagnante sur la distance classique chez Alain de Royer Dupré. Pour sa première année au haras, elle sera envoyée en Angleterre rencontrer Tamayuz, ancien lauréat du Prix Jacques le Marois (Gr.1) pour Freddy head, un étalon toujours sous-coté mais efficace. Père entre autre de Précieuse (Poule d'Essai des Pouliches, Gr.1), Tamayuz a fait sa dernière saison de monte en 2022 à 7000 € à Derrinstown Stud.

Stéphane Wattel avec Alexis Pouchin.