William Mongil, le retour du Mousquetaire à 51 ans
Near Dam et William Mongil, à quelques mètres du poteau ©GaloppOnline
Ca y est, c’est fait ! A 51 ans, William Mongil, de retour en Allemagne après une petite incursion au Maroc, en tant qu’entraîneur, a repassé le poteau en vainqueur, après avoir rechaussé les bottes, breeches et casaques qu’il avait quittés depuis maintenant 10 ans. Associé à la 3 ans Near Dam (Dalakhani) une représentante de son patron, Peter Shiergen, le jockey français a rapidement pris les devants, et a conservé le meilleur jusqu’au poteau. La pouliche remporte ainsi, également, sa 1ère victoire, une bonne chose, comme le signale, Peter Schiergen, pour sa future carrière de poulinière. Il est vrai que, lorsque l’on se penche sur son pédigrée, le papier est des plus intéressants : la gagnante est sœur de Near England (double lauréate de Gr. 3 à Dusseldorf) et de Near Poet (3ème de Gr. 3, à Krefeld), nièce de Near Honor (lauréat de Listed et placé de Gr. 1 et de Gr. 3) et de Near Dock (gagnant de Listed et placé de Gr. 2 et Gr. 3 à Baden-Baden). Sous la 3ème mère, nous retrouvons la lignée ayant produit Next Desert (champion à 3 ans en Allemagne, enlevant le Derby allemand, Gr. 1), Next Gina (Diane allemand, Gr. 1), et Intellogent (Jean Prat, Gr. 1).
Kartajana, le jour du Ganay ©aprh
William Mongil, tout le monde s’en rappelle. Le petit toulousain issu du sérail (son père, Rémy fut jockey puis entraîneur), a quitté le midi à 14 ans pour rejoindre Chantilly, à la grande époque de Patrick Biancone, constituant l’équipe des « 4 Mousquetaires » dans les années 80 aux côtés d’Eric Legrix, Dominique Bœuf et Gérald Mossé. Il débute en 1985, et ne tarde pas à trouver le chemin de la victoire, qui lui sourit dès sa 2ème monte. Au début des années 90, il deviendra 1er jockey de Son Altesse l’Aga-Khan, inscrivant, notamment, son nom au Prix Ganay 1991, en selle sur Kartajana. Poursuivant sa carrière à travers le monde (Allemagne, Asie, Macao, et autres excursions en Europe), il raccrochera ses bottes le 26 septembre 2010, en Allemagne, sur l'hippodrome de Dielsdorf. Son compteur affichera plus de 1700 victoires, dont une centaine de Groupes.
Restant en Allemagne, il intégrera l’équipe de Werner Baltromei, comme assistant entraîneur, avant de prendre sa succession, en juillet 2012, suite à la disparition prématurée du grand entraîneur. Après 8 ans comme entraîneur outre-Rhin, qui nous a permis de le voir présenter ses protégés en France, avec une certaine réussite (ndlr : 79 victoires entre 2012 et 2019, pour 644 partants), il prend la direction du Maroc, au début de l’année 2020, devenant entraîneur dans la région de Casablanca. Mettant à genoux bon nombre d’activités, la pandémie de Covid-19 aura raison du nouveau défi de William, et celui-ci décidera, en juillet, de revenir en Allemagne, avec l’idée de remonter en course.
Near Dam & William Mongil ©GaloppOnline
De retour de « Casa », il intègre l’équipe de Peter Schiergen, à Cologne, aux côtés d'un autre jockey français, Lukas Delozier. "J'ai alors recommencé à monter et j'ai rapidement retrouvé mes sensantions. En 2 mois, j'ai perdu 8 kg pour me remettre en forme. Je cours tous les jours et je vais 3 fois par semaine à la salle de sport, où un coach s'occupe de moi" Son grand retour à la compétition aura lieu le 13 septembre, dans le Derby d'Autriche, un pays où, en 27 ans de carrière, William n'avait encore jamais couru. Partenaire de Sir Polski (Polish Vulcano), un pensionnaire d'Henk Grewe, il conclura à la 4ème place. Comme à ses débuts, il n'aura pas attendu bien longtemps pour repasser le poteau en vainqueur, et comme un clin d'oeil au passé, il signe cette victoire, le jour des 84 ans d'un propriétaire ayant compté dans sa carrière, Son Altesse Aga Khan. Sous le coup de 2 mises à pied successives, débutant le 20 décembre, William a donc rangé ses bottes pour l'année 2020, ponctuée, malgré tout, par une victoire qui lui tenait à coeur.
La sympathie de William Mongil, un jour de 1994, sur l'hippodrome d'Argentan ©David Le Guével
Nul doute que nous reverrons, dans les pelotons allemands, et pourquoi pas français (Peter Schiergen traversant régulièrement le Rhin pour courir dans l'hexagone), le sympathique William Mongil, en espérant le voir inscrire de nombreuses victoires...