Mishriff pour le 1er Jockey-Club de Gosden: merci les Basques !
Écoutez la réaction de Ioritz Mendizabal après sa victoire dans le Jockey-Club avec Mishriff.
Ioritz Mendizabal célèbre son 2e Jockey-Club, avec le nouveau crack Mishriff (APRH)
Mishriff était encore un illustre inconnu en France en posant ses sabots sur l'hippodrome de Chantilly ce matin, et restera dans les livres d'histoire, pour avoir gagné le "Jockey-Club du Covid", alors que personne ne le voyait là. Comme quoi cette année, tout nous surprend. Pourtant, il fallait se douter que John Gosden ne nous enverrait pas un peintre pour affronter les meilleurs 3 ans français. La course a été bizarre. Pas de rythme, faute de leader, certains ont dù avancer trop tôt, pendant que Mishriff se terrait dans l'ombre. Dans la ligne droite, il n'y a pas eu l'ombre d'un doute, et Mishriff est venu gagner très facilement, devant un surprenant The Summit, et Victor Ludorum qui finit vite, mais tard. Ils sont rares, les classiques que n'a pas remportés John Gosden, mais le Jockey-Club, c'était inédit, et on peut dire que les garçons de voyage de Mishriff ne seront pas venus pour rien, et vont désormais passer 14 jours de quarantaine dans la plus grande plénitude.
Ces dernières années, qui dit Gosden dit Dettori, mais avec le Covid, le pilote italien ne pouvait venir monter Mishriff. A la place, John Gosden et son propriétaire, le prince Faisal, ont fait confiance à un autre jockey d'expérience, qui est injustement tombé dans l'oubli en France: Ioritz Mendizabal: " Quand mon agent Pierre Alain Chereau m'a dit que j'allais monter dans le Jockey Club pour John Gosden, je n'y croyais pas. C'est un bel honneur, et gagner un Gr.1 pour lui, c'est très beau. J'étais venu hier à Chantilly, en dormant chez un ami, et dans le train je me passais les courses du cheval sur le téléphone. Aujourd'hui, il m'a fait grosse impression, et je pense qu'il peut avoir comme objectif l'Arc de Triomphe ".
Né au Pays Basque, Ioritz Mendizabal n'avait rien à voir avec les courses, et a été inspiré par les exploits de Cash Asmussen, avant de rentrer à l'Afasec de Mont de Marsan. Ioritz est depuis très longtemps au service de Jean Claude Rouget à Pau, non loin de sa région natale, et a connu des périodes fastes, avec une cravache d'Or en 2004 et un record à l'époque de 220 victoires ! Il en a remporté 3 autres entre 2008 et 2010. Ces 3 années seront les plus grandes, avec le Jockey Club 2008 sur le crack Vision d'Etat. 2010 coïncidera avec son dernier Gr.1 en date, L'Opéra, pour son patron Jean Claude Rouget...10 ans après, le voilà, par la force des évènements, sur la plus haute marche du Derby Français, avec un illustre inconnu. Il a même remporté le Gr.1 réservé aux Pur-sang arabes en fin de réunion ! Quelle journée !
Make Believe, le père de Mishriff, s'offre un 1er Gr.1 en tant qu'étalon
Mishriff a été élevé par son propriétaire, le Prince Faisal bin Salman, le 5e fils du Roi d'Arabie Saoudite. Véritable passionné de chevaux, il fait ses croisements lui-même. Pour Mishriff, il a suivi son coeur, en envoyant à l'époque la mère à son tout jeune étalon Make Believe. Entraîné par André Fabre, ce fils de Makfi avait remporté la Poule d'Essai et le prix de la Forêt sous la casaque du Prince Faisal, avant de rentrer étalon à Ballylinch Stud. Il a connu un vif succès dès sa première génération de 2 ans, et remporte ici un premier Gr.1, directement dans un classique. La mère de Mishriff, Contradict, n'était gagnante que d'une petite course, mais a remarquablement produit, avec le gagnant de listed Orbaan, puis le multiple placé de groupe Momkin, et maintenant Mishriff. Le poulain a été nommé en l'honneur d'un ami du Prince Faisal, Mishref Bin Mutlaq, qui fut jockey, entraîneur, et éleveur. Après de timides débuts chez John Gosden, Mishriff avait remporté son maiden, puis participé en février au Saudi Derby dans le pays de son propriétaire, finissant 2e lors de cette première édition de la Saudi Cup.
Le prince Faisal Bin Salman
Mishriff n'a rien fait comme les autres, en gagnant ensuite une listed en marge des classiques anglais, mais avec une très bonne ligne. Il y battait Volkan Star, un "Godolphin" qui a depuis regagné à ce niveau, et Waldkonig, le très estimé frère de Waldgeist. Ce triomphe aujourd'hui est une leçon d'élevage, puisque le Prince Faisal possède la souche depuis des générations, et elle lui a apporté bien des satisfactions. La 3e mère de Mishriff est en effet la championne Rafha, gagnante du Diane en 1990 sous la même casaque que son arrière petit-fils. Elle est ensuite devenue une grande poulinière, en donnant pas moins de 7 black-types dont le gagnant de Gr.1 et top étalon Invincible Spirit, mais aussi le non moins efficace Kodiac, et Acts Of Grace, la grand-mère de Mishriff, qui avait gagné le prix des Tourelles en France...à Chantilly ! Cet hippodrome réussit particulièrement à la famille !
Mishriff était peut-être une surprise pour les Français, mais on risque de le revoir dans le prix de l'Arc de Triomphe. Sa cote y est passée à 14/1, alors qu'il n'a même pas été engagé dans la plus grande course européenne. Difficile donc de tirer des leçons pour l'automne, d'autant que les favoris français étaient "aux fraises" dans une drôle de course. Seul Victor Ludorum est revenu, mais trop tard, et après le Derby d'Epsom surprise d'hier, on ne sait plus trop quoi penser. 2020 sera jusqu'au bout surprenant !
Le somptueux Mishriff reviendra très certainement à l'automne....(APRH)
