Forêt 2018 : Haggas so British, Boudot so frenchie
Ce jeune homme détient la rage de vaincre. Fils du regretté entraîneur d'obstacle Marc Boudot, Pierre-Charles Boudot, 26 ans, a grandi à Paray-le-Monial dans la Saône-et-Loire puis il a fait son apprentissage chez André Fabre, là-même où il a éclos au meilleur niveau. En 2016, sillonnant toute la France, il fut le 1er jockey français à atteindre le cap des 300 victoires, détrônant alors le record historique en Europe de Peter Schiergen. Réputé pour son talent, il l'est aussi pour sa combativité. Cette année, au plus haut niveau, il a gagné le Grand Prix de Saint-Cloud de haute lutte avec Waldgeist pour André Fabre, mais aussi le Prix Jean Prat avec Intellogent pour Fabrice Chappet. Le jour de l'Arc 2018 restera toute sa vie dans sa mémoire. Non seulement, il a fait l'arrivée de l'Arc avec Waldgeist, mais il a gagné deux Gr.1 dans la journée avec des outsiders et de très peu, en allant au bout de son effort. Il a surpris tout le monde avec Lily's Candle dans le Prix Marcel Boussac en début de journée. En clôture, il arrache de très haute lutte le succès dans le Prix de la Forêt (Gr.1) en selle sur l'anglaise One Master aux dépens des 2 représentants de Godolphin, Inns of Court et Dutch Connection. Notons, pas loin derrière à la 7ème place, le parcours cauchemardesque de Polydream qui n'a jamais pu sortir du piège de la corde.
Pierre-Charles Boudot, le gaulois hargneux, a obtenu la confiance de William Haggas pour la monte de cette One Master. C'est la rencontre de deux hommes que pourtant tout oppose. Agé de 58 ans, Haggas obtient une belle compensation après avoir devancé de si peu avec sa championne Sea of Class dans le Prix de l'Arc de Triomphe. Jeune homme très bien né, capitaine de l'équipe de cricket à la très chique Université d'Harlow, il a quitté rapidement l'usine de textile paternelle pour assouvir sa passion des courses et devenir entraîneur. Au début, il était surtout connu pour son mariage avec la fille de Lester Piggott, le jockey de légende. Aujourd'hui, vainqueur du Derby d'Epsom en 1996 avec l'outsider Shaamit, des Oaks d'Epsom 2011 avec Dancing Rain, mais aussi en France en 2009 du Maurice de Gheest avec King's Apostle et du Moulin de Longchamp avec Aqlaam, il s'est imposé comme l'un des meilleurs entraîneurs actuels, ayant même l'honneur d'entraîner pour la Reine d'Angleterre.
Devant sa future cliente, William Haggas avait d'ailleurs eu la joie de faire gagner sa championne de 2 ans Superstar Leo lors du meeting de Royal Ascot 1990, dans les Norfolk Stakes (Gr.2). Elevée par Lester Piggott en personne, Superstar Leo est la grand-mère de One Master, qui défend la même casaque Lael Stables, c'est à dire le couple américain de Pennsylvanie formé par Roy et Gretchen Jackson, des éleveurs-propriétaires vainqueurs du Kentucky Derby 2006 avec Barbaro. Enticing, la mère de One Master par Pivotal (également père de mère de Mabs Cross dans l'Abbaye de Longchamp), fut également très bonne, lauréate de deux Gr.3 à Goodwood. En décembre dernier, One Master était inscrite à la vente de décembre de Tattersalls, alors titulaire d'une victoire de Listed pour sa 3ème sortie, elle qui fut une débutante très tardive en août de ses 3 ans. Elle fut finalement absente. Heureusement pour son entourage...Longuement absente pendant l'hiver, elle a pris des places de Groupe et venait de gagner son 1er Gr.3 sur l'hippodrome irlandais de Tipperary avant de gagner à Longchamp son premier Gr.1...et sans doute pas le dernier.
William Haggas.
