Cadoudal, le parrain d'Auteuil

20/04/2010 -
Quelques semaines après avoir aligné les trophées à Cheltenham, le défunt Cadoudal frappe encore un grand coup à Auteuil. Il enlève le Prix Murat avec son fils Mail de Bièvre, mais aussi le Prix du Président de la République avec son petit-fils Rescato de l'Oust. Son influence est plus grande que jamais.

 

Comme il venait de le faire dans le Prix Troytown, Mail de Bièvre s’est extrait de la « mêlée » (le rugby était le partenaire de la réunion) et a renvoyé dans ce Prix Murat ses adversaires dans leurs 22 et avec quelle facilité ! A travers sa promenade de santé, il rend hommage à son regretté père, Cadoudal (disparu en février 2007) en signant un 20e Gr.2 en France en obstacles. Sur la Butte Mortemart, ses « troupes » ont également glané 14 Gr.1. Il est aussi à l’honneur ce dimanche par son fils Maresca Sorrento, père de Rescato de l’Oust, vainqueur du Président de la République (Gr.3).

 

Saut magnifique de Mail de Bièvre sur le Rail-Ditch and Fence dans le Prix Murat



A la lecture de ses origines, rien ne le prédestinait pourtant à produire des champions en obstacles. Né en 1979, le fils de Green Dancer et de Come To Sea (2e du Prix de Royaumont pour les couleurs de Garo Vanian et entraînée par François Boutin) a été acheté yearling pour 180.000 francs aux ventes d’Août à Deauville par la famille Boutboul. Alors présenté par le Haras des Granges, il avait été élevé par Mme Maurice Rohaut-Leger, qui avait acheté la mère aux ventes d’élevage de Newmarket en décembre 1975 pour 33.000 Guinées, pleine de Mill Reef. A noter que Maurice Rohaut-Léger vient de faire aussi l'actualité en tant qu'éleveur de Baïne (lire l'article).

 

Caoudal en course (au 1e plan)

 


Green Dancer (Poule d’Essai des Poulains et Observer Gold Cup, futur Racing Post Trophy)  est un fils de Nijinsky, que l’on ne présente plus. Come To Sea est une fille de Sea Hawk (Critérium de St-Cloud et Grand Prix de Saint-Cloud), lui-même issu d’Herbager, vainqueur du Prix du Jockey-Club). Bref, tout pour aller sur le plat, comme l’a d’ailleurs fait Cadoudal sur les pistes.

 

Cadoudal peu après son entrée au Haras



Il a débuté victorieusement à 3 ans à Saint-Cloud dans le Prix Ajax sur 2.000 m. sous la coupe de Bernard Sécly pour André Boutboul, puis à l’issue d’une arrivée pointue (tête et nez) termine 3e du Prix Greffulhe à Longchamp derrière 2 élèves de François Mathet (Bois de Grâce et Nabirpour) retombés dans l'oubli ensuite. Un mois plus tard, il devance dans le Prix Hocquart (sur 2.400 m) le "Fustok" Noble Bloom et le "Yoshida » Real Shadaï, futur second du Prix du Jockey-Club. Non placé dans les Prix du Jockey-Club de Assert et de l’Arc de Triomphe d’Akiyda, Cadoudal termine sa saison par une 4e place dans le Gran Premio del Jockey-Club à Milan.


A 4 ans, il se classe 2e du Prix d’Harcourt à 4 longueurs du vainqueur, Welsh Term et récidive lors de sa dernière course, le Prix Ganay, à une courte tête de Lancastrian et devant Welsh Term à 5 longueurs. Cadoudal était donc un vrai bon cheval de course, juste en dessous des meilleurs, comme des dizaines d'autres tous les ans en Europe...

 

Cadoudal au haras



Cadoudal est entré au Haras du Hoguenet en 1984, à un tarif assez conséquent, c'est à dire 50.000 francs au 1/10 ou 70.000 francs poulain vivant, soit l'équivalent de 11.500 €. Il faut dire que les étalonniers normands de l'époque avaient la main lourde et les prix de saillies s'en trouvaient assez délirants. On pouvait demander 50.000 francs pour Nice Havrais, 120.000 francs pour Nadjar, 180.000 francs pour Bikala ! Un quart de siècle plus tard, un champion comme Soldier of Fortune, triple gagnant de Gr.1 y compris le Derby d'Irlande, demande moins cher à ses débuts que Cadoudal, simple vainqueur de Gr.2...Comme le prix du steak, celui de l'espoir a baissé.

Cadoudal obtiendra le titre de meilleur père de vainqueurs en obstacles à dix reprises et terminera quatre fois 2e. L’an passé encore, il conclut à une encolure de Video Rock. En 2010, il est actuellement en tête devant Poliglote.

 

Kadalko, 1e gagnant de Gr.1 pour Cadoudal dans le Prix Cambacérès 1991



Ses produits directs ont donc gagné 14 courses de Gr.1, rien qu'en France. Il est le père de 5 vainqueurs du Prix Cambacérès dont 3 consécutifs pour la famille Boutboul (Kadalko, Double Détente, Old Gringo) tous élèves de Bernard Sécly, son ancien entraîneur qui l'a vivement soutenu à ces débuts, alors qu'à l'époque les étalons d'obstacle n'étaient pas rentrés dans les moeurs comme aujourd'hui. Au top-niveau, seul le Prix La Haye-Jousselin manque à son palmarès, mais il faut dire que Al Capone II, à lui tout seul, a monopolisé sept fois la plus haute marche.

 

Cadoudal a été vivement soutenu par Bernard Sécly et la casaque Boutboul à ses débuts.

 

Bernard Sécly a été certes très influent mais pas le seul à entraîner les meilleurs "Cadoudal". René Lecomte, Carlos Lerner, Marcel Rolland, Thomas Trapenard, Jean-Paul Gallorini, Christophe Aubert, Guillaume Macaire et le tout dernier, Jehan Bertran de Balanda ont également profité du talent de ses chevaux, bien souvent de gros noirs inélégants au possible, aussi mous et peu engageants à pied que redoutables une fois lancés sur une piste.

 

Saint des Saints, fils convoité de Cadoudal au haras



Kadalko a été le 1e de ses rejetons à s’illustrer au niveau Gr.1. Viendront ensuite Tenerific, Old Gringo, Kotkito, Double Détente, Earl Grant, Gilder, Katiki, Kotkijet (propre frère de Kotkito), Florid River, Saint des Saints, Nirvana du Bourg, Big Buck’s (qui fait la une de Cheltenham depuis l’an passé), Zeus du Berlais et le dernier en date, Long Run.

Certains de ses fils perpétuent sa descendance, tout d'abord Kadalko, Indian River, Robin des Prés et Cadoubel, désormais relayés par Saint des Saints et Maresca Sorrento. Son 1e étalon, Kadalko, a beaucoup déçu au haras dans la Nièvre. Robin des Prés s’est révélé sur le tard au Haras de la Haie Neuve avant sa vente en Irlande en 2009. En revanche, ses 2 fils actuellement disponibles, Saint des Saints et Maresca Sorrento, ont tout de suite réussi en tant que reproducteur.

 


Maresca Sorrento, le père de Rescato de l'Oust
envoyé par FranceSire TV




Entraînée par Bernard Sécly, Madalka est la seule de ses pouliches à s’illustrer au plus haut niveau remportant le Prix Maurice Gillois en 1996. Mais notons que dernièrement, sa fille Fortana a gagné une listed à Auteuil et montré qu'il savait aussi faire des femelles.

 

Fortana, fille de Cadoudal dont le modèle correspond parfaitement au proptotype paternel

 

D'ailleurs, en tant que père de mères de vainqueurs en obstacles en France, Cadoudal a été 9 fois tête de liste sans discontinuer depuis 2003. L’année 2010 commence bien également puisqu’il figure encore à la 1e place devant Garde Royale, son dauphin depuis 2004. En tant que père de mère, Cadoudal est représenté dans le parc étalon français par les 2 frères Kapgarde et Kap Rock ainsi que par Kotky Bleu.

 

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