Japan Cup: une Vodka servie depuis 1 siècle
Imaginez ce que vous être le Japon il y a 100 ans. Imaginez ce que pouvait représenter à cette époque le transport des chevaux avec des routes et des véhicules qui existaient...ou pas. C'est pourtant à ce moment et dans ce contexte que l'histoire de Vodka a commencé. Tout juste un siècle après l'arrivée de son 11e mère dans l'Empire du Soleil Levant vivant encore reclus sur lui-même au temps des samouraï, Vodka a remporté devant les caméras du monde entier, en direct à la télé ou sur internet, la Japan Cup face à certains des meilleurs chevaux de la planète.
Toutes les juments de l'ascendance de Vodka sont nées au Japon, jusqu'à la 10e mère, née en 1912. Cette Daiyon Florries Cup a vu le jour en extrême-orient dans un temps où l'on n’ imagine même pas qu'il puisse y exister des courses. En fait, cette histoire, expliquée par Patrick Barbe, spécialiste du Japon, démontre que les échanges internationaux ne datent pas d'hier.
Le retour victorieux de Vodka
6 mois de voyage!
Au début du 20e siècle, il y avait déjà des courses en extrême-orient, au Japon comme à Hong Kong. En fait, elles avaient été organisées par les commerçants anglais installés dans divers comptoirs de commerce exotiques et pratiquant avec entrain une colonisation économique. Pour briser le fameux ennui colonial, ces anglais avaient recopié sur place certains de leurs loisirs natifs préférés, dont les courses de chevaux. Il arrivait alors que des autochtones se piquent eux aussi de passion pour ces nouveaux sports: en l'occurrence, le grand-père de Teruya Yoshida, actuel patron de Shadaï Farm. Celui-ci, déjà en avance sur son temps et curieux du monde extérieur, avait profité d'une aubaine aux Etats-Unis. "Toutes les courses avaient été arrêtées aux Etats-Unis entre 1907 et 1909. M. Yoshida y avait alors acheté plusieurs juments dans le Kentucky, dont une nommée Florries Cup, née en 1904. Pour les ramener au Japon, c'était une expédition incroyable. Il fallait emmener les chevaux quasiment à pied depuis le Kentucky jusqu'en Californie, de l'autre côté des Etats-Unis. Et de là, les chevaux montaient dans un bateau direction le Japon. Et une fois arrivé, il restait encore à rejoindre le haras. Ce genre de voyage pouvait durer jusqu'à 6 mois!"
Victoire de Vodka dans la Japan Cup 2009, tout juste 1 siècle après un très long voyage
L'élevage en autarcie
Vodka croule déjà sous les victoires de Gr.1. Son plus beau titre jusqu'à la Japan Cup était bien sûr le Derby du Japon, enlevé face aux mâles. Aucune pouliche n'avait réussi tel exploit depuis 64 ans, sachant que cette course a été crée en 1920.
Son éleveur fonctionne de façon autarcique. Il a fait naître le père, Tanino Gimlet, fils de Brian's Time (chef de race dans années 90), et lui-même gagnant du Derby Japonais 2002 désormais installé à Shadaï. Il est aussi le naisseur de la mère de Vodka, Tanino Sister, fille du pourtant mauvais Rousillon. A noter que Sunday Silence n'apparaît pas du tout dans ce pedigree. C'est rare.
Ce genre d'histoire remontant à la fin de la conquête de l'ouest aux Etats-Unis a au moins un précédent. Le vainqueur de la Japan Cup 1999, nommé Special Week, descendait lui aussi de la même Florries Cup.